mercredi 11 juin 2008

Once (2007)

Mon grand coup de coeur de ce printemps: le film Once, du réalisateur John Carney. Si vous ne l'avez encore jamais vu, je ne saurais trop vous le recommander. Il s'agit d'un tout petit film dont la seule prétention est de nous faire vivre pendant une heure et demi une "tranche de vie", plus précisément la vie de deux musiciens qui se rencontrent et mettent leur passion en commun le temps d'enregistrer un démo de quelques chansons. Le gars (Glen Hansard, charismatique et touchant) chante sur la place publique pour oublier son ex-copine et arrondir ses fins de mois, en marge d'un travail de réparateur d'aspirateurs qu'il effectue dans l'entreprise de son père. La fille (Marketa Irglova, lumineuse) vend des roses et fait des ménages, élevant seule une petite fille dans un appartement qu'elle partage avec sa mère.
L'approche du réalisateur est minimaliste et naturaliste; c'est d'ailleurs ce qui rend le film séduisant, lequel a par ailleurs été tourné en l'espace de deux semaines. Le scénario à peine esquissé laisse une grande place à l'improvisation des deux acteurs, insufflant fraîcheur et spontanéité à l'ensemble. Les chansons prennent toute la place qui leur reviennent (les deux acteurs étant d'abord et avant tout auteurs-compositeurs-interprètes) et c'est tant mieux, car elles sont irrésistibles. Je vous mets au défi de visionner le film sans courir acheter la bande sonore...
Évidemment, pour aimer, il faut avoir un certain goût pour la pop de qualité, le folk et le cinéma naturaliste. Si, en plus, vous avez tout comme moi un fort penchant pour l'Irlande, vous êtes gagnés d'avance...

dimanche 18 mai 2008

Ben X

J'ai visionné il y a deux jours le drame belge Ben X, film troublant sur le syndrome d'Asperger (forme d'autisme) et les difficultés d'intégration vécues par ceux qui en sont atteints. Ben est un adolescent qui, malgré le fait qu'il souffre de ce syndrome, poursuit tout de même ses études secondaires au sein d'une école régulière, selon les conseils du médecin. Or, le quotidien de Ben est marqué par le harcèlement et les mauvais traitements de plusieurs de ses camarades de classe. Sans défense, il se réfugie dans l'univers d'un jeu virtuel où il devient le héros Ben X combattant les forces du mal et dans lequel il peut compter sur Scarlite, une compagne de jeu qu'il idéalise et qui devient en quelque sorte sa propre conscience.

La dureté du monde dans lequel évolue Ben, soit l'univers implaccable d'une école secondaire, n'est pas sans rappeler Elephant, le chef-d'oeuvre de Gus Van Sant. Le tabou du harcèlement psychologique, sujet sensible qui est loin de toucher uniquement les autistes, est ici traité de façon sensible et inventive, entremêlant les scènes du réel et les escapades dans l'imaginaire fantastique de Ben, de sorte que l'angoisse vécu par lui est directement communiquée au spectateur. Le jeu des acteurs, particulièrement celui de Greg Timmermans dans le rôle principal, est bouleversant. À voir absolument.

jeudi 15 mai 2008

Wuthering heights

Je relis actuellement une oeuvre qui, semble-t-il, aurait été inspirée par les landes de Top Withens (Yorkshire, Angleterre) que vous pouvez admirer sur la photo en entête du blogue. L'unique roman d'Emily Brontë, Wuthering Heights, a fait sur moi forte impression lors de ma première lecture en français (j'ai lu la traduction de Pierre Leyris intitulée Hurlevent des monts). Je suis maintenant plongée depuis quelques semaines dans le texte original anglais, que je lis en parallèle avec l'analyse qu'en a fait Frank Goodridge, et je ne peux m'empêcher d'être fascinée. Il s'agit, au fond, d'une histoire horrible, choquante, même encore aujourd'hui: la loi du Talion prévaut, plusieurs personnages n'ont aucune morale, certains s'enlisent dans la dépression, l'alcoolisme et l'obsession et en viennent même à souhaiter la mort... Décidément, Wuthering heights n'est pas de la littérature à l'eau de rose! Or, le récit est si habilement construit, le ton de la narration, si chaleureux, que l'on suit avec appétit les méandres dans lesquels nous entraîne Emily.

Wuthering heights est, bien sûr, le récit déchirant de l'amour contrarié que partagent Heathcliff, figure mystérieuse de l'orphelin adopté au passé inconnu, à la nature sauvage, non disciplinée, et Catherine Earnshaw, fille du maître de Wuthering heights. C'est toutefois beaucoup plus que cela: au fil des pages, Emily Brontë nous parle de refoulement et de reniement de soi, de mal de vivre, d'inculture et du désir d'apprendre, de la révolte contre l'autoritarisme qui engendre de nouveau l'autoritarisme, du regard porté sur ce qui est étranger... Elle nous expose également, toujours dans une langue riche et forte, le conflit entre les deux mondes que sont Wuthering Heights et Thrushcross Grange, l'un prenant place au milieu de la lande (terre "inculte", sauvage) et soumis à de forts vents (symbole des passions incontrôlées), l'autre situé au coeur de la vallée verdoyante, lieu de la modération, de la retenue, des attitudes dignes de la bonne société et des sentiments tempérés... deux univers qui, à travers les personnages qui en sont issus, symbolisent le conflit entre nature et culture et qui, à trois reprises dans le roman, tentent de s'unir. Une seule de ces tentatives sera concluante.
Un grand roman.

Bienvenue

Bonjour!

Nature et Culture se veut un endroit convivial où discuter de coups de coeur littéraires, cinématographiques et musicaux. L'objectif avoué de ces discussions, au fond, est de faire durer le plaisir que nous procurent les oeuvres et de faire de nouvelles découvertes.

Bienvenue à tous les amoureux de la culture!

Cylia