jeudi 15 mai 2008

Wuthering heights

Je relis actuellement une oeuvre qui, semble-t-il, aurait été inspirée par les landes de Top Withens (Yorkshire, Angleterre) que vous pouvez admirer sur la photo en entête du blogue. L'unique roman d'Emily Brontë, Wuthering Heights, a fait sur moi forte impression lors de ma première lecture en français (j'ai lu la traduction de Pierre Leyris intitulée Hurlevent des monts). Je suis maintenant plongée depuis quelques semaines dans le texte original anglais, que je lis en parallèle avec l'analyse qu'en a fait Frank Goodridge, et je ne peux m'empêcher d'être fascinée. Il s'agit, au fond, d'une histoire horrible, choquante, même encore aujourd'hui: la loi du Talion prévaut, plusieurs personnages n'ont aucune morale, certains s'enlisent dans la dépression, l'alcoolisme et l'obsession et en viennent même à souhaiter la mort... Décidément, Wuthering heights n'est pas de la littérature à l'eau de rose! Or, le récit est si habilement construit, le ton de la narration, si chaleureux, que l'on suit avec appétit les méandres dans lesquels nous entraîne Emily.

Wuthering heights est, bien sûr, le récit déchirant de l'amour contrarié que partagent Heathcliff, figure mystérieuse de l'orphelin adopté au passé inconnu, à la nature sauvage, non disciplinée, et Catherine Earnshaw, fille du maître de Wuthering heights. C'est toutefois beaucoup plus que cela: au fil des pages, Emily Brontë nous parle de refoulement et de reniement de soi, de mal de vivre, d'inculture et du désir d'apprendre, de la révolte contre l'autoritarisme qui engendre de nouveau l'autoritarisme, du regard porté sur ce qui est étranger... Elle nous expose également, toujours dans une langue riche et forte, le conflit entre les deux mondes que sont Wuthering Heights et Thrushcross Grange, l'un prenant place au milieu de la lande (terre "inculte", sauvage) et soumis à de forts vents (symbole des passions incontrôlées), l'autre situé au coeur de la vallée verdoyante, lieu de la modération, de la retenue, des attitudes dignes de la bonne société et des sentiments tempérés... deux univers qui, à travers les personnages qui en sont issus, symbolisent le conflit entre nature et culture et qui, à trois reprises dans le roman, tentent de s'unir. Une seule de ces tentatives sera concluante.
Un grand roman.

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